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cycle du noeud
phase du noeud - paradoxe 1
 
 
les rouleaux ondulés
Société dans la seconde moitié du XXème siècle
 
 
 
 
         À l’étape précédente, nous avons vu que le grand tourbillon fluide entraîné par l’appareil de Couette-Taylor se subdivisait en paires de tourbillons empilées les unes sur les autres, chacune de ces paires se subdivisant, à son tour, en deux rouleaux horizontaux de fluide spiralant en sens inverses l’un de l’autre è [rappel dans une autre fenêtre]. Nous avons également indiqué que, dorénavant, le tourbillonnement n’allait pas grossir davantage, et que les étapes suivantes seraient toutes caractérisées par la déformation sur lui-même de ce tourbillonnement désormais clos sur lui-même.
         Nous abordons donc la première des étapes de cette déformation du tourbillonnement sur lui-même, celle qui survient lorsque l’on augmente d’un nouveau cran la vitesse de rotation du cylindre interne qui entraîne le fluide.
         Cette étape se repère par le fait que les rouleaux horizontaux se mettent maintenant à osciller. Cette oscillation se boucle sur un tour complet, c’est-à-dire qu’il se crée un nombre entier d’ondulations sur la circonférence du tourbillonnement, et la même configuration des rouleaux se retrouve donc périodiquement dans le temps. Ce nombre entier correspond à une fréquence particulière d'oscillation, et cette fréquence varie selon la vitesse de la rotation du cylindre de l’appareil.
         Ce stade de l’apparition d’une première fréquence d’oscillation est appelée le stade des « rouleaux ondulés », ou le stade des « tourbillons ondulés ».
 
expérience de Couette-Taylor : le stade des "rouleaux ondulés"
[ image extraite du site de Richard M. Lueptow (http://www.mech.northwestern.edu/fac/lueptow/TC_Rich_new.html) ]
 
         Lorsque, dans un fluide seulement animé par l’agitation brownienne de ses atomes, la différence de vitesse entre eux ne parvient plus à s’uniformiser assez vite, ce fluide se tranche de lui-même en couches laminaires aux vitesses moyennes différentes. C’est ce que nous avons vu è [rappel dans une autre fenêtre] à la 6e étape de l’accroissement de la dynamique du fluide, et nous avons alors caractérisé cette situation comme relevant du paradoxe homogène / hétérogène. C’est une cause similaire qui provoque maintenant l’ondulation des rouleaux : à l’étape précédente, celle des rouleaux horizontaux, les parcelles fluides spiralaient toutes à la même vitesse, ce qui conservait en permanence la forme des rouleaux. Désormais, cela va trop vite, et certaines parties du fluide ne parviennent plus à suivre le rythme nécessaire pour conserver leur place dans la spirale du rouleau. Ces parties restent donc un peu à la traîne et le rouleau, ainsi déséquilibré, commence à basculer vers le haut ou vers le bas. Mais, à la faveur d’un déséquilibrage similaire en amont du même rouleau, une partie du fluide parvient à trouver le champ libre pour accélérer suffisamment et faire basculer le rouleau en sens inverse, ce qui stoppe alors sa dérive.
         Ainsi, alternant périodiquement les pertes et les gains de vitesse pour une partie de son flot qui va tantôt plus lentement et tantôt plus vite que la spirale courante, chaque rouleau oscille désormais selon une cadence régulière.

         En résumé, à cette étape dite des rouleaux ondulés, chacune des spirales tourbillonnantes reste regroupée en un rouleau continu, et les vitesses variables des parcelles fluides qui les construisent savent alterner périodiquement en cadence, afin tantôt de faire monter les rouleaux, et tantôt de les faire descendre.
 
le rouleau ondulant reste regroupé en continuité compacte (croquis de gauche)
parce qu'il se scinde intérieurement en parties allant à des vitesses différentes (croquis de droite), c'est-à-dire en cessant d'être unifé en continu
 
 
 
Qu'y a-t-il de paradoxal dans la dynamique des rouleaux ondulés ?
 
         Le caractère paradoxal de cette ondulation provient de ce que le regroupement de chaque anneau dans une même forme continue est préservé par le fait même que son fluide cesse de se comporter de façon compacte et qu’il se délite en portions qui vont à des vitesses différentes les unes des autres.
         La réussite du regroupement compact continu des rouleaux est donc le produit de la perte du regroupement compact des parcelles fluides des rouleaux qui ne spiralent plus de concert et à la même vitesse. Voilà ce qui vaut que l’on désigne cette dynamique comme relevant du paradoxe regroupement réussi / raté.

 
 
Une société dont le regroupement est réussi / raté
 
         À l’étape précédente, nous avons envisagé comment la phase des divisions en cascade du fluide tourbillonnant pouvait avoir comme répondant, dans l’économie humaine, une spécialisation de plus en plus forte des diverses nations.
         Mais la spécialisation finit toujours par atteindre un point où elle devient excessive. Par exemple, elle crée du chômage dans les pays qui perdent leur compétitivité dans certains secteurs, ce qui fait perdre autant de clients potentiels aux pays vainqueurs de la compétition, qui risquent alors de se retrouver avec un outil de production très efficace mais suréquipé pour les besoins. En outre, le prix du transport devient prohibitif à un certain moment par rapport au prix de production, et la marge de compétitivité des pays spécialisés risque de chuter au profit de la production dans d'autres pays moins spécialisés mais plus proches.
         La parade à cette situation a déjà été trouvée : dans le cas des automobiles, par exemple, les pays qui en produisent vont désormais monter des chaînes dans les pays même où ils veulent les vendre, et, de la même façon, les firmes d’électronique japonaises ou d’autres pays du Sud-Est Asiatique montent maintenant leurs usines aux États-Unis ou en Europe. Ainsi, elles conservent et étendent leur clientèle, tout en réduisant l'incidence du coût du transport.
         Dans l’économie humaine, on observe donc aussi que la phase de la division de plus en plus forte des centres de production est suivie d’une phase de regroupement des activités qui débouche sur une nouvelle capacité de chaque pays à produire tous les types de produits. Ce nouveau regroupement des diverses productions dans chacun des pays contrecarre l’émiettement complet des activités qui s’amorçait, de la même façon que les ondulations alternées des rouleaux leur permettent de conserver leur continuité malgré la tendance à la dislocation générée par la vitesse de plus en plus grande qui entraîne leur liquide.

 
 
Traduction dans l'art et la musique du paradoxe "regroupement réussi / raté"
 
         Pour une raison que nous expliquons ailleurs [ F voir cette explication] ce n'est qu'à l'étape suivante de l'évolution de la société que ce paradoxe sera le paradoxe caractéristique de l'architecture. Du fait de la transformation de plus en plus rapide de la société, ce fonctionnement commence à s'installer avant même que le précédent n'ait eu le temps de se généraliser, de telle sorte que les artistes qui correspondent à des étapes successives de la complexité se retrouvent en fait parfaitement contemporains. Il n'est donc pas possible de repérer une période précise dans l'art et la musique relevant du fonctionnement de ce paradoxe, et nous devons trier parmi les contemporains ceux qui en relèvent.
 
         è architecture     deux exemples d'architectures qui fonctionnent par regroupements réussis / ratés :
                                                Valode & Pistre : l'usine l'Oréal à Aulnay-sous-Bois
                                                Perrault : la Bibliothèque Nationale de France à Paris
          è musique          les expressions caractéristiques de cet effet
 
 
 
Et l'architecture de la société qui fonctionne par "regroupements réussis / ratés" ?
 
         Comme indiqué au début du paragraphe précédent, le paradoxe en jeu dans l'architecture d'une époque est toujours en retard d'une étape sur l'évolution des paradoxes en jeu dans la dynamique même de la société.
         La dynamique précédente de la société était fondée sur le paradoxe "un / multiple", c'est donc ce paradoxe qui fonctionne dans l'architecture des architectes qui vivent dans une société qui fonctionne par "regroupements réussis / ratés".
         On peut :
 
         è      aller voir l'explication de la cause de cette situation paradoxale "une / multiple"
         è      voir directement des exemples de l'architecture "une / multiple"
                     (Tschumi : le parc de la Villette à Paris
                      et Libeskind : le Musée juif de Berlin)


  dernière mise à jour de ce texte : 1er septembre 2007


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