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Interpénétrations locales
des couches laminaires d'un fluide
Société dans la seconde partie du XIXème siècle
 
 
 
 
         À l'étape précédente nous examinions un fluide divisé en couches laminaires glissant l'une sur l'autre.
         Lorsqu'on fait augmenter la différence de vitesse au delà d'un certain seuil, on sait par expérience que le fluide ne peut rester laminaire et que des tourbillons s'y forment.
         L'étape présente est la délicate transition entre la phase laminaire et la phase turbulente.
         [nota : on peut trouver une présentation de ce phénomène physique dans l'analyse du 2ème paradoxe de la Vénus de Lespugue dans la brève histoire de l'art]

         De la phase laminaire qu'il quitte, le fluide garde la propriété de s'organiser en couches séparées. La nouveauté est que ces couches se coupent et commencent à s'interpénétrer localement. Par exemple, la couche la plus rapide peut se casser en morceaux qui se mettent à tourner sur eux-mêmes de telle sorte que la vitesse moyenne résultante soit compatible avec la vitesse de la couche la plus lente. Si le freinage de la couche rapide est très sévère, on peut se trouver avec des morceaux laminaires complètement coupés les uns des autres et parfaitement fixes. C'est par exemple ce qui se passe  juste derrière la voile d'un bateau lorsqu'on la borde trop.
 

 
 
écoulement cisaillé derrière une voile de bateau trop bordée
[d'après photo d'Eric Twiname, extraite du "Nouveau Cours de navigation des Glénans" aux éditions du Seuil]
 
        Dans le cas de cette voile de bateau les couches laminaires sont cisaillées en tous sens, mais on peut trouver des cas où les morceaux laminaires restent bien alignés entre eux et sont seulement séparés comme les tirets d'une ligne. Ainsi sur cette image d'une frange turbulente où les couches laminaires restent strictement empilées tout en subissant les coupures régulières du fluide turbulent qui la borde.
 
 
coupe latérale d'une couche limite turbulente dans une soufflerie
[cliché Corke, Guezennec et Nagib - extrait de "La Turbulence" de Marcel Lesieur aux Presses Universitaires de Grenoble]
 
 
        De façon générale, un fonctionnement de type intermittent caractérise toutes les formes que peuvent prendre ces régimes intermédiaires. Dès que les deux régions s'affrontant atteignent un écart de vitesse insoutenable, il se produit une cassure qui annule complètement ce différentiel et lui permet de recommencer à enfler. Le différentiel de vitesse recommence alors à s'accuser jusqu'au retour d'un nouveau point où il devient excessif : tout se brise à nouveau et le processus recommence indéfiniment. 
 

         Aux alentours de 1900, la société occidentale continue d'accélérer ses transformations sous l'effet des développements techniques incessants. Son organisation en différentes couches sociales et classes sociales rangées l'une sur l'autre s'avère alors insuffisante pour l'adapter au brassage de plus en plus fort qui s'effectue. Comme pour un fluide, ce brassage des couches commence par des interpénétrations intermittentes l'une dans l'autre : certains vont pouvoir s'incruster dans des couches supérieures, tandis que d'autres inversement dégringoleront la pente. Mais cela n'ira jamais très loin : l'ascension sociale ne fait pas oublier la couche sociale dont on est issu et qui implique une limite à cette ascension. À l'inverse, on peut toujours se récupérer de déboires financiers lorsqu'on appartient à une famille puissamment installée.
         Les qualificatifs de "nouveau riche" ou de "parvenu" ne sont pas des exclamations d'admiration pour l'efficacité ayant permis le succès, mais l'accent mis sur l'impossibilité de se fondre et de s'intégrer complètement dans une couche sociale différente de la sienne et où l'on vient de pénétrer.
 
 
 
Qu'y a t'il de paradoxal dans les interpénétrations localement répétées de couches laminaires ?
 
         Dans une telle dynamique une partie d'une couche laminaire se sépare de la couche à laquelle elle appartient pour se rassembler, s'interpénétrer avec une partie d'une autre couche qui va en sens contraire ou qui va à une vitesse trop antagoniste de la sienne pour que la transition de vitesse reste graduelle. Cette dynamique rassemble donc par le fait même qu'elle sépare, elle rassemble / sépare.
         On peut envisager ce paradoxe d'une seconde manière : par ces interpénétrations deux couches laminaires se rassemblent, mais ces rassemblements se produisent localement, en des lieux nécessairement écartés, donc séparés les uns des autres.
 
 
 
Traduction dans l'art et la musique du paradoxe "rassembler / séparer"
 
         Pour une raison que nous expliquons ailleurs [ F voir cette explication] ce n'est qu'à l'étape suivante de l'évolution de la société que ce paradoxe sera le paradoxe caractéristique de l'architecture. Il correspond à un fonctionnement de la société occidentale qui commence à s'installer vers le milieu du XIXème siècle, mais il ne sera un paradoxe dominant dans l'oeuvre de certains architectes qu'à la fin de ce siècle et au tournant du suivant, dans le style usuellement appelé de l'Art Nouveau. Du fait de la transformation de plus en plus rapide de la société, pour la première fois on voit cohabiter des artistes dont la complexité interne fonctionne de façons différentes, différentes car elles ne relèvent pas de la même étape de la complexité. Nous devons donc faire une distinction entre les expressions de l'Art Nouveau qui relèvent de ce paradoxe et les expressions qui relèvent du paradoxe précédent. Nous avions appelé les premières Art Nouveau -1-, nous appellerons celles-ci Art Nouveau -2-.
 
         è architecture     deux exemples d'architecture de l'Art Nouveau -2- :
                                                Mackintosh : la salle de réception de la "Maison d'un Amateur d'Art"
                                                Olbrich : porte de la maison Glückert à Darmstadt
         è musique          les expressions caractéristiques de cet effet
 
 
 
Et l'architecture de la société qui "rassemble / sépare" ?
 
         Comme indiqué au début du paragraphe précédent, le paradoxe en jeu dans l'architecture d'une époque est toujours en retard d'une étape sur l'évolution des paradoxes en jeu dans la dynamique même de la société.
         La dynamique précédente de la société était fondée sur le paradoxe "homogène / hétérogène", c'est donc ce paradoxe qui fonctionne dans l'architecture qui correspond à la société qui "rassemble / sépare".
         On peut :
 
         è      aller voir l'explication de la cause de cette situation paradoxale homogène / hétérogène
         è      voir directement des exemples de l'architecture homogène / hétérogène qui forme l'Art Nouveau -1-
                    (Van de Velde : le magasin de la Havana-Compagnie à Berlin
                      et Guimard : station de métro Porte Dauphine à Paris)
 


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