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phase du point - paradoxe 1
 
 
Agitation thermique d'un atome
Société à l'époque Maniériste (XVIème siècle)
 
 
 
         La Renaissance a cherché son originalité propre dans la conformité parfaite à l'Antiquité. Cette quête paradoxale de l'original par le conformisme, résume bien le paradoxe de l'affirmation simultanée de la séparation individuelle la plus radicale, et de la liaison aux autres la plus omniprésente.
         À l'orée du XVIème siècle un basculement se fit. Après le XVème siècle du retour à l'Antiquité, en effet vint le XVIème siècle des grandes remises en cause religieuses. La religion chrétienne constituait alors l'armature de la conception du monde et du rapport de chacun au reste de l'humanité. Si un basculement devait intervenir dans les rapports sociaux, il devait donc nécessairement se traduire par une remise en cause de l'équilibre proposé par la religion catholique. Cette remise en cause eut lieu, et ce fut un vrai bouleversement. La religion catholique s'en est remise, mais ce fut au prix d'une révision interne profonde que l'on a appelée Contre-Réforme qui vit son aboutissement dans le Concile de Trente. Plus lourd de conséquences : la religion catholique ne put éviter d'abandonner des pans entiers de la société au schisme de la Réforme protestante.
         Sans entrer dans les détails théologiques et les considérations économiques et politiques qui sous-tendent ces mouvements de Réforme et Contre-Réforme, on peut dire que, pour l'essentiel de sa dimension philosophique, cette refonte de la religion chrétienne revenait à remettre en avant la responsabilité personnelle que chacun porte vis à vis de son destin et de son salut personnel. Par réciprocité, elle revenait à minimiser le rôle prépondérant qu'avait pris l'appareil ecclésiastique comme médiateur entre les chrétiens et leur Dieu.
         Un exemple caractéristique est la question des ventes d'indulgences, précisément à l'origine du déclenchement du schisme de Luther. À cette époque, l'Eglise en était venue à délivrer au nom de Dieu des certificats précisant les pêchés absous par le versement à l'Eglise de sommes d'argent. On appelait ces versements des "indulgences". Luther s'insurgea contre cette pratique, proclamant que la régénération de l'âme ne pouvait s'acheter, et qu'elle ne devait venir que d'une régénération de la foi personnelle en Dieu. Indépendamment de son aspect financier, la pratique de l'indulgence revenait à donner un rôle prépondérant de médiateur au clergé dans le salut de chacun, et la critique luthérienne tendait donc à remettre au centre la volonté et l'initiative personnelle de chacun dans la prise en charge de son salut.
 
         On a illustré la nature particulière du lien social à la Renaissance par un réseau cristallin è [rappel dans une autre fenêtre] où chaque atome est fermement tenu à sa place par la force prégnante de ce réseau. Peut-on illustrer de la même façon le nouvel équilibre du lien social à l'époque de la Réforme ?
         L'analogie du réseau d'atomes peut effectivement se poursuivre, car l'évolution du lien social va se montrer très parallèle à l'évolution du lien entre atomes à l'intérieur d'un réseau que l'on chauffe.
        Quand on chauffe un réseau cristallin, on sait ce qui se passe : les atomes s'agitent de plus en plus fortement. Plus on le chauffe, et plus ils deviennent frénétiques, plus ils bougent en tous sens autour de la position qui leur est assignée.
         Tant que la température de fusion n'est pas atteinte, l'agitation des atomes n'est pas suffisante, toutefois, pour qu'ils quittent leur place : la structure du réseau reste prédominante et reste suffisamment cohérente pour retenir chacun à la même position. Mais, cependant, l'allure de la dynamique change lorsque l'on chauffe fortement. Tant que le réseau était froid, même si les atomes bougeaient déjà quelque peu sur place, on pouvait le décrire comme une opposition radicale entre un lien collectif omniprésent et des atomes isolés. Maintenant, la meilleure façon de décrire l'état fondamental des choses est de dire que les atomes s'agitent en tous sens et de façon coordonnée entre eux, de telle sorte que chacun est constamment remis à sa place par l'effet même de la régularité de son rebond répété sur les autres. Ce n'est plus le réseau qui tient des atomes isolés, immobiles, comme ligotés à leur place : chaque atome s'affronte désormais à l'ensemble des autres, et tous restent bien à leur place seulement parce que leur mouvement collectif est suffisamment harmonisé pour ramener chacun toujours à la même place. Dans le monde des atomes, on peut appeler ce type de coordination collective, un équilibre statistique. Dans le monde des humains, on l'appelle "morale partagée" ou "loi commune". Cette morale ou cette loi équilibre les mouvements de chacun dans la société, permet que chacun reste à la place qui est la sienne tout en lui laissant une marge d'initiative suffisante pour pouvoir exercer pleinement son autonomie personnelle.
         À l'orée du XVIème siècle donc, l'équilibre dynamique de la société se modifie, se centre d'avantage sur l'équilibre qu'apporte une loi morale volontairement acceptée par chacun, et abandonne proportionnellement l'équilibre qu'apportait au siècle précédent l'adhésion volontaire à la tradition, la recherche volontaire d'une remise en service d'un moule antique. Comme pour le réseau dont les atomes ont commencé à s'agiter sur place, on peut dire que la société s'est échauffée : les individus commencent à s'agiter sérieusement sur place, réclamant une prise en compte plus importante de leur autonomie individuelle, et le nouvel équilibre social doit intégrer cette demande.
 
 
 
Qu'y a-t-il de paradoxal dans la situation d'un atome qui s'agite sur place ?
 
         Un atome qui quitte sans arrêt sa position pour y repasser aussitôt, est un atome incapable de rester à une place fixe et qui pourtant y reste continuellement. C'est un atome perpétuellement entraîné à partir ailleurs, mais qui en même temps est toujours retenu à la même place centrale fixe de sa trajectoire. Ce sera là le fondement du paradoxe associé à cette situation : celui d'être à la fois entraîné et retenu.
 
 
 
Traduction dans l'art et la musique du paradoxe "entraîné/retenu"
 
Pour une raison que nous expliquons ailleurs [ F voir cette explication] ce n'est qu'à l'étape suivante de l'évolution de la société que ce paradoxe sera le paradoxe caractéristique de l'architecture. Il correspond au fonctionnement de la société occidentale au XVIème siècle, mais il sera le paradoxe dominant dans l'architecture dite "baroque" et dans l'architecture dite "classique" du siècle suivant.
 
         è architecture     un exemple d'architecture baroque (Le Bernin : la place Saint-Pierre à Rome)
                                      un exemple d'architecture classique (Louis Le Vau : le château de Vaux-le-Vicomte)
         è musique          les expressions caractéristiques de cet effet
 
 
 
Et l'architecture de l'époque Maniériste ?
 
Comme indiqué au début du paragraphe précédent, le paradoxe en jeu dans l'architecture d'une époque est toujours en retard d'une étape sur l'évolution des paradoxes en jeu dans la dynamique même de la société.
La dynamique en cours avant le XVIème siècle est celle de la société de l'époque Renaissance, fondée sur le paradoxe du "centre à la périphérie".
On peut :
 
         è      aller voir l'explication de la cause de cette situation paradoxale du "centre à la périphérie"
         è      voir directement des exemples d'architecture maniériste
                    (Michel-Ange : le pavage du Capitole de Rome
                      et Palladio : la façade de San Francesco della Vigna à Venise)


  dernière mise à jour de ce texte : 19 août 2007


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