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schéma résumant les développements de ce texte
ce texte en version pdf complétée par des croquis


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le tableau général de l'évolution des arts plastiques

les quatre paradoxes d'état














16 cases pour les phénomènes physiques, 47 étapes pour la société humaine

Dans le texte précédent, nous avons émis l'hypothèse que l'art aurait été inventé pour permettre de figurer de façon commode, par des relations de formes et de couleur, l'interférence des quatre enjeux paradoxaux qui fondent l'existence de chaque personne humaine.
En conséquence, et très naturellement, nous devons en déduire que chaque oeuvre d'art doit pouvoir se lire comme la combinaison et l'interférence de quatre effets paradoxaux.
C'est ce que nous essaierons de montrer, et nous essaierons aussi de montrer que ces effets ne sont pas fondamentalement différents des 16 effets paradoxaux que nous avons envisagés pour les phénomènes physiques, sauf qu'ils sont ici systématiquement regroupés par quatre.
Si un phénomène physique qui ne fonctionne que sur un paradoxe à la fois passe directement d'un paradoxe à l'autre à chaque étape de sa complexification, l'être humain et la société humaine qui, toujours, combinent quatre paradoxes interférant entre eux, nécessairement évoluent et se complexifient d'une façon un peu plus retorse.
Il suffisait d'un tableau de 16 cases pour décrire les crans successifs de complexité des phénomènes physiques. Pour la complexité progressive de la société humaine, il faudra, cette fois, un tableau en 47 étapes, chaque étape devant, en outre, être considérée sous quatre angles différents, c'est-à-dire par quatre combinaisons de paradoxes, pour être complètement décrite.
La moitié de ces combinaisons forme "le tableau général de l'évolution des arts plastiques",  et l'autre moitié forme "le tableau général de l'évolution de la musique".

Nous commencerons par décrire la partie droite du tableau de l'évolution des arts plastiques. Elle regroupe systématiquement 4 paradoxes différents, que l'on appellera "paradoxes d'état", cela pour les différencier des paradoxes de la partie gauche du tableau que l'on appellera, eux, les "paradoxes de transformation". Chaque oeuvre d'art combine ces deux sortes de paradoxes, mais, comme ils n'évoluent pas de la même façon, il est nécessaire de les envisager séparément.
Pour le moment, donc, nous nous concentrons sur l'évolution de la combinaison des quatre paradoxes dits "d'état".
Ils sont ainsi dénommés car ils décrivent l'état des relations qui sont établies à une époque donnée entre chaque humain et le reste de sa société. Du moins, l'état de ces relations telles qu'elles sont ressenties par chaque humain, étant précisé que, dans les faits, ce qui est ressenti de cette façon est toujours en deçà de la relation qui est réellement vécue. Le moment venu, on expliquera ce décalage [voir  cette explication dans une autre fenêtre] qui est sans importance pour les développements qui viennent.
 
 
 

Rappel du tableau des 16 paradoxes fondamentaux

Le tableau général de l'évolution de l'art regroupe des combinaisons de paradoxes qui, tous, sont sortis du tableau des 16 paradoxes fondamentaux que l'on a envisagé pour les phénomènes physiques et sur lequel on doit donc d'abord revenir. Ce tableau de 16 paradoxes, que l'on reproduit ici, est formé de 4 lignes de 4 colonnes chacune.
 


le centre /
à la
périphérie

entraîné /
retenu

mouvement
d'ensemble
/ autonomie

fermé /
ouvert

ça se suit /
sans se suivre

homogène /
hétérogène

rassembler /
séparer

synchronisé
/ incommen
surable

continu /
coupé

lié /
indépendant

même /
différent

intérieur /
extérieur

un / multiple

regroupement
réussi / raté

fait / défait

relié / détaché

Il se lit de la gauche vers la droite et du haut vers le bas, et le premier paradoxe de chaque ligne suit le dernier de la ligne précédente. Comme le tableau se boucle sur lui-même, le premier paradoxe de la première ligne suit, en fait, le dernier de la dernière ligne.
Chaque ligne correspond à un type de fonctionnement spécifique, et elle possède une certaine autonomie qui lui permet de former une boucle qui peut parfois court-circuiter la boucle d'ensemble que forme le tableau. Ainsi, mais cela concernera surtout les paradoxes de transformation, le dernier paradoxe d'une ligne peut également être considéré comme précédant le premier paradoxe de la même ligne.
 
 
 

Venons en maintenant au tableau des 47 étapes de l'évolution de l'art

Ce tableau comprend donc 47 lignes, qui ont été numérotées selon un découpage en 4 cycles [revoir   les notions de cycle dans une autre fenêtre] : "A0 plus un chiffre" pour le cycle du point, "B0 plus un chiffre" pour le cycle du classement, "C0 plus un chiffre" pour le cycle de l'organisation, et "D0 plus un chiffre" pour le cycle du noeud.
Ce tableau se boucle sur lui-même, et le nouveau cycle du point qui revient est numéroté A1 pour le différencier du cycle A0 initial.
 
 
 

Les quatre paradoxes associés se suivent colonne par colonne

La première notion à retenir, concernant les paradoxes d'état, est que les quatre paradoxes qui correspondent à une étape donnée du développement de la société se suivent strictement.
Dans la pratique, on peut, et même probablement on doit, considérer que le paradoxe fondamental qui correspond à une étape donnée est le premier des quatre paradoxes, puisque les trois autres s'en déduisent automatiquement : ce sont les trois suivants dans le tableau des 16 paradoxes. Si la ligne de ce tableau est finie, on continue à la ligne suivante et, si le tableau lui-même est fini, on poursuit en reprenant à son début.
Ainsi, dans le cas de l'étape B0-11 qui correspond à l'art préhistorique le plus ancien de la période aurignacienne, le premier paradoxe est le "regroupement réussi / raté" qui est le second de la dernière ligne du tableau des 16 paradoxes. Le suivant est le "fait / défait", puis vient le "relié / détaché" qui termine le tableau des 16 paradoxes. Puisque ce tableau est terminé, le dernier des quatre paradoxes qui décrivent l'état des relations à cette étape de la société est, par conséquent, le premier de la première ligne du même tableau des 16 paradoxes : c'est le "centre / à la périphérie".
Si j'ai dit "on doit" considérer que le premier des quatre est le fondamental, c'est que c'est lui qui "pousse" les autres vers la case qu'ils occupent. On peut envisager les choses ainsi : étant donné ce premier paradoxe, qui correspond à l'étape de complexité où en est arrivée la première dimension paradoxale de la condition humaine, celle de "la filiation" [revoir  cette notion dans une autre fenêtre], la seconde situation paradoxale est contrainte d'être au moins au même niveau et, comme elle intègre la première et rajoute cette fois le paradoxe de "l'altruisme" [revoir   cette notion dans une autre fenêtre] pour l'intégrer à la complexité de la situation, elle correspond à une situation un cran plus conflictuel, donc au paradoxe fondamental suivant dans le tableau.
De la même façon, le paradoxe de "l'égoïsme" [revoir   cette notion dans une autre fenêtre] intègre les deux précédents puisque, comme on l'a vu, il est généré par le regroupement de l'humanité en sous-groupes, ce qui suppose qu'existe déjà le sentiment d'appartenance à la grande collectivité humaine (second paradoxe), sentiment qui, lui-même, suppose que se déroule le fil des générations (premier paradoxe). Ce troisième paradoxe de l'égoïsme, tenu d'intégrer les deux précédents, se trouve, par conséquent, poussé au moins jusqu'au niveau atteint par le second et, puisqu'il rajoute par lui-même un cran de complexité paradoxale, il passe dans la case qui suit celle du second. Enfin, et de la même façon, la quatrième situation paradoxale, celle de "la loi" [revoir   cette notion dans une autre fenêtre], se trouve poussée dans la case encore suivante du tableau des 16 paradoxes.


 

Le passage d'une étape à l'autre dans les cas courants

Quand la société se complexifie d'un cran, c'est-à-dire lorsque l'on passe à l'étape de complexité suivante, le processus semble a priori un peu différent : on ne passe pas à la case suivante, mais à la ligne suivante du tableau des 16 paradoxes, ce qui se traduit par le fait que chacun des quatre paradoxes d'une étape est remplacé, à l'étape suivante, par celui de la case du dessous dans ce tableau.
Il existe des étapes spéciales, dénommées "interphases", où le décalage se fait dans le sens horizontal, mais ce sont des exceptions que l'on étudiera le moment venu. Ces décalages exceptionnels permettront que, tour à tour, le premier paradoxe soit sur la seconde colonne du tableau des 16 paradoxes, puis sur sa troisième,  puis sur sa quatrième.

Pour le moment, nous en restons au cas courant, celui où chaque nouvelle étape fait défiler les paradoxes verticalement dans le tableau des 16 paradoxes.
J'ai dit que ce processus "ligne par ligne" ne semblait différent qu'a priori de la croissance "case par case", car, en fait, ce roulement de tous les paradoxes d'une ligne sur l'autre n'est que la conséquence d'un passage à la case suivante : le premier paradoxe d'une étape est, en effet, dans la case qui suit le dernier paradoxe de l'étape précédente. Ainsi, à l'étape B0-12 qui correspond notamment aux peintures préhistoriques de la grotte CHAUVET, le premier paradoxe est le "entraîné / retenu" qui suit le dernier paradoxe "du centre / à la périphérie" de l'étape B0-11. Comme le premier paradoxe d'une étape a déjà poussé les trois autres dans les trois cases suivantes, le premier paradoxe de l'étape suivante se retrouve quatre cases plus loin que lui, ce qui le met dans la ligne du dessous, et juste dans la même colonne.
On peut comprendre cela en se rappelant que le dernier paradoxe de chaque étape, celui de la loi, intègre les trois premiers et régularise leurs interférences. Quand, ensuite, la société se complexifie d'un cran, les quatre paradoxes de l'étape précédente sont, en quelque sorte, déjà "digérés" et résumés par le dernier paradoxe de cette étape, de telle sorte que le premier paradoxe de l'étape suivante, s'il reflète réellement une étape plus complexe, doit nécessairement être au moins au niveau de la case qui suit ce dernier paradoxe. C'est en effet ce qui se passe, et, comme il pousse les trois autres dans les trois cases suivantes, il en résulte, au total, que chaque étape de complexité se traduit par un saut de quatre cases dans le tableau des 16 paradoxes, donc que chacun des quatre paradoxes d'une étape se transforme dans celui de la case juste au-dessous.

De cette manière, en quatre étapes de complexification de la société, on a balayé tout le tableau des 16 paradoxes, et la cinquième étape revient identique à la première.
Identique, en apparence seulement : d'une part, les paradoxes de transformation de la partie gauche du tableau ne connaissent pas le même type de cycles et se chargeront de différencier les étapes disposant des mêmes paradoxes d'état.
D'autre part, ainsi qu'on le verra plus tard, la façon dont interfèrent entre eux les quatre paradoxes d'état évolue au cours des cycles, de telle sorte que la même combinaison de paradoxes ne produira pas les mêmes effets plastiques selon, par exemple, que l'on se trouve dans le cycle "du classement" ou dans le cycle "de l'organisation".
 
 
 

Les cycles justement, parlons en maintenant

On a déjà présenté les quatre cycles [dans une autre fenêtre, revoir   cette présentation, ou une présentation plus complète   du site Quatuor] de la complexité progressive d'un phénomène : d'abord, le cycle des points séparés, puis, celui des points qui se classent entre eux, puis, celui des points qui se classent simultanément de deux façons différentes (ce qui revient à dire qu'ils s'organisent), puis, pour finir, le stade où cette organisation se noue pour se rendre irréversible et pour pouvoir tenir indéfiniment dans le temps. Ces noeuds qui viennent de se former sont alors les points durs sur lesquels va se construire une nouvelle grande boucle, elle aussi formée de quatre cycles à la complexité croissante.
C'est un mouvement en spirale, car il se boucle sur lui-même, et, à l'issue de chaque boucle, il se retrouve à un stade de complexité plus grand.
Mais cette notion de spirale ne vaut pas seulement pour l'enchaînement global des grandes boucles l'une après l'autre : elle vaut aussi pour la façon dont se succèdent les quatre cycles qui forment une même boucle, car chacune se développe en s'élargissant progressivement, chacun de ses quatre cycles étant plus long que le précédent.
C'est qu'il est plus facile de passer des points isolés aux points classés, que de passer de ces points classés d'une première manière aux points simultanément classés d'une seconde manière, ce qui est plus facile encore que de nouer l'organisation ainsi obtenue. À chaque cran, la complexité qui progresse doit intégrer et faire s'équilibrer mutuellement davantage de contraintes, ce qui implique que chaque cran est finalement plus difficile à franchir que les précédents.
Cette difficulté de plus en plus grande à avancer, elle se traduit par le nombre d'étapes de plus en plus grand qu'il faut pour franchir chacun des cycles.
Pour franchir le cycle du point, il faut seulement 4 étapes, et, de façon générale, l'on dira que quatre étapes qui se suivent "normalement" forment une phase. Pour franchir le cycle du classement, il faut cette fois 2 phases de 4 étapes chacune, pour le cycle de l'organisation, il faut 3 phases de 4 étapes, et, enfin, pour le noeud, il faut 4 phases de 4 étapes.
Dans le tableau général, le cycle du point va de la ligne A0-11 à A0-14, puis de A1-11 à A1-14 pour la grande boucle suivante.
Le cycle du classement va, lui, de la ligne B0-11 à B0-14 pour sa première phase, et de B0-21 à B0-24 pour sa deuxième phase, et etc. pour ce qui concerne le cycle C0 de l'organisation et le cycle D0 du noeud.

[on peut revoir    dans le site Quatuor cette notion de développement en spirale, et la notion de phases et de cycles - ce lien s'ouvre dans une autre fenêtre]
 
 
 

La complexité progresse de façon agaçante

Un aspect de la complexité qui peut être agaçant est qu'elle n'avance pas d'une façon que, de prime abord, on pourrait dire logique, mais d'une façon que l'on pourrait plutôt qualifier de rigoureuse.
Ainsi, on pourrait logiquement penser que le cycle du classement, puisque, précisément, il est le cycle du classement, fonctionne à la façon spécifique d'un classement. Il n'en est rien, car tant que le cycle du classement n'est pas terminé, les propriétés de complexité que ce cycle produit ne sont pas encore atteintes, ne sont pas encore acquises. Il en résulte que le cycle du classement fonctionne seulement avec le niveau de complexité caractéristique du point, et que le cycle du point fonctionne, lui, avec le niveau de complexité du noeud, etc.
Bien entendu, ce n'est pas illogique, mais, dans la pratique, c'est un peu déroutant. Agaçant, comme je l'ai dit plus haut, que l'on soit toujours à cheval sur deux moments de complexité, jamais pleinement dans l'un ou dans l'autre.


 

Les diverses façons dont fonctionne l'interférence des 4 paradoxes de chaque étape

Qu'est-ce que cela implique, pour l'art, que l'on soit en train de fonctionner en point, en classement, en organisation ou en noeud ?
Cela implique que les différents effets paradoxaux qui se combinent dans une même oeuvre d'art ne vont pas se combiner entre eux de la même façon, qu'ils ne vont pas interférer entre eux de la même façon.
 
 

Dans le cas du cycle B0 du classement qui fonctionne donc en point,

les quatre effets paradoxaux fonctionnent isolément et séparément les uns des autres, ce qui est effectivement la propriété de points séparés.
Pratiquement, cela veut dire que notre regard va être attiré tour à tour par des effets distincts, effets qui auront tendance à être portés par des morceaux distincts de la forme d'ensemble : par exemple, l'articulation des membres d'un personnage va répondre d'un effet particulier, tandis que la silhouette d'ensemble de la forme va plutôt répondre d'un autre effet.
Notre regard étant ainsi entraîné tour à tour d'un effet vers l'autre, et les deux cherchant en même temps à le retenir, ce mode de lecture correspond en plein aux particularités du paradoxe "entraîné / retenu". Ce n'est pas un hasard. Ce paradoxe est sur la première ligne du tableau des 16 paradoxes, il est donc dans la ligne des paradoxes qui décrivent les diverses étapes du fonctionnement "ponctuel".
Puisque le cycle du classement fonctionne en point, cela est cohérent. Mais on note que, parmi les 4 paradoxes ponctuels, "l'entraîné / retenu" est le second, c'est-à-dire celui qui est dans la deuxième colonne. De même que les lignes, les colonnes correspondent, elles aussi, aux quatre grands stades de la complexité, et, par conséquent, la seconde colonne est celle du classement.
Le fait que ce soit spécialement le paradoxe de "la colonne du classement" de "la ligne du point" qui résume le fonctionnement des formes dans le cycle du classement correspond donc à une sorte de compromis entre les divers aspects de la maturité de fonctionnement atteinte lorsque l'on en est à parcourir ce cycle :
     - par un aspect, on n'a déjà pleinement acquis que les propriétés de fonctionnement spécifiques du point, et le mode de fonctionnement doit par conséquent se limiter aux fonctionnements des paradoxes du point qui sont sur la première ligne,
     - mais, par un autre aspect, on est quand même au cycle du classement, ce qui implique que la maturité du paradoxe du point à retenir doit être celle du paradoxe de la colonne du classement, donc celle du paradoxe "entraîné / retenu".

Dans ce cycle donc, les différents effets ont tendance à être chacun porté par une partie différente de la forme. Cela implique que chaque effet peut conserver un rôle en rapport avec sa fonction fondamentale :
     - le premier effet est celui qui dit où cela en est au niveau ponctuel de la complexité. Puisqu'il rend compte de l'état de points séparés, il peut se contenter d'utiliser des parties séparées de la forme.
     - le second effet dit où en est arrivé la dimension de classement dans la complexité. Il peut utiliser les parties séparées, déjà utilisées par l'effet ponctuel, pour les mettre dans une relation particulière répondant du niveau de classement en cours.
     - le troisième effet dit où en est arrivé l'organisation de la complexité. Il peut, lui, se spécialiser dans la façon dont la forme s'organise, c'est-à-dire se répand dans l'espace dans plusieurs directions simultanées.
     - enfin, le quatrième paradoxe dit où en est la question du noeud. Sa fonction privilégiée sera donc de résumer, à lui seul, l'effet combiné des trois premiers paradoxes.
Cette "division du travail" entre les effets n'est pas toujours aussi claire, mais, souvent, elle se fait certainement sentir, et, pour cette raison, elle sera systématiquement rappelée dans les analyses d'oeuvres qui relèvent de ce cycle.

Dans le tableau général de l'histoire de l'art, pour se souvenir du mode d'interférence des 4 paradoxes qui vaut pour toutes les étapes d'un même cycle, le paradoxe qui résume ce mode de fonctionnement est rappelé dans une colonne spéciale, sur fond grisé, accompagné de flèches montantes et descendantes.
Dans l'une des lignes de chaque cycle, on a aussi indiqué la nature du cycle en cours et le mode de fonctionnement qui le concerne.
 

Le cycle C0 de l'organisation fonctionne en classement :

En appliquant le même raisonnement, on trouve que le fonctionnement caractéristique des formes pendant ce cycle peut être résumé par le principe de fonctionnement du paradoxe de la troisième colonne (celle de l'organisation) de la seconde ligne (celle du classement) du tableau de référence des 16 paradoxes. Ce paradoxe est le "rassembler / séparer".
Cela implique que les quatre effets paradoxaux d'une oeuvre d'art de la période du cycle de l'organisation vont être rassemblés sur les mêmes formes, mais, en même temps, qu'ils pourront toujours se percevoir séparément les uns des autres, qu'ils garderont donc une certaine autonomie.

Par rapport au cycle précédent, la différence essentielle tient au "mélange" plus systématique des effets sur les mêmes parties de la forme, ce qui implique que la "division du travail" entre les divers effets n'a plus de sens. Dans ce cycle, un même effet peut tout aussi bien s'observer dans le détail de telle ou telle partie de la forme et dans la façon dont la forme d'ensemble s'y prend pour se répandre dans l'espace.
 

Le cycle D0 du noeud fonctionne en organisation :

La transformation du fonctionnement en point en fonctionnement en classement n'a pas introduit de changement fondamental pour la lecture des formes issues de ces deux cycles, car il n'est pas toujours évident de percevoir la différence entre des effets séparés répartis sur une même forme d'ensemble et des effets à la fois séparés et rassemblés sur une même forme.
Par contre, le passage au fonctionnement en organisation implique une rupture profonde. Puisqu'il s'agit d'un fonctionnement en organisation, le fonctionnement paradoxal est celui de l'un des paradoxes de la troisième ligne du tableau des 16 paradoxes, et puisqu'on en est au cycle du noeud il s'agit du quatrième paradoxe de cette ligne, celui qui y correspond à la colonne de l'organisation : c'est le paradoxe "intérieur / extérieur" qui occupe cette case.
Le phénomène physique qui correspond à ce paradoxe est un tourbillonnement géant qui intègre des tourbillons de plus petite échelle dont il se nourrit. De façon analogue, ce fonctionnement dans l'art signifie que l'un des paradoxes a pris le dessus, qu'il domine les trois autres et qu'il s'en nourrit. Le paradoxe dominant prend alors la forme d'une combinaison des trois autres qu'il force à le mettre, lui personnellement, en valeur, plutôt qu'à s'exprimer pour eux-mêmes.

Cela est véritablement nouveau par rapport aux deux cycles précédents.
Dans ces cycles précédents, les quatre paradoxes étaient toujours à égalité, et, d'une certaine façon, séparés les uns des autres. L'égalité a maintenant disparu : il y a un dominant et, du même coup, l'expression autonome des trois paradoxes dominés a disparu pour désormais se fondre dans l'expression du dominant dont ils font valoir les divers aspects, les diverses facettes.
Ce mode de fonctionnement implique une façon particulière d'avancer d'une étape à l'autre et, dans ce cycle du noeud, contrairement aux trois autres cycles, chaque étape de complexité ne fait pas passer immédiatement à la ligne suivante du tableau des 16 paradoxes.
Puisqu'il y a un paradoxe dominant, chacun des 16 paradoxes peut, en effet, être en position de tenir ce rôle et, pour que tous les crans de complexité soient progressivement franchis, il faut attendre que tous les paradoxes d'une ligne soient passés par cette position de dominance avant de pouvoir passer à la ligne suivante.
 

Il reste à envisager le cycle du point qui fonctionne en noeud :

Fonctionnement en noeud, donc paradoxe de la quatrième ligne du tableau des 16 paradoxes. Cycle du point, donc premier paradoxe de cette ligne : c'est le paradoxe "un / multiple".
L'analyse des oeuvres qui relèvent de cette étape laisse penser que cela implique que l'on peut percevoir l'oeuvre comme définie par un seul paradoxe ou par la conjonction des trois autres. Ainsi, dans le cas des deux premières étapes, le dernier paradoxe joue clairement ce rôle de résumé, mais il convient d'attendre que davantage d'étapes soient parcourues pour vérifier si cette explication est valide.
Si cela s'avérait, cette lecture proposerait donc peu de changement par rapport à celle du cycle de l'organisation, puisqu'elle reviendrait, en somme, à considérer, soit un paradoxe dominant tout seul, soit les trois qu'il s'asservit, et cela sous une forme dans laquelle ils seraient indissociablement fondus ensemble.


 

Les étapes spéciales d'intercycle

Le changement de fonctionnement qui intervient entre un cycle et le suivant nécessite un effort spécifique pour que la complexité "se hisse" jusqu'à ce nouveau fonctionnement, c'est-à-dire pour qu'elle généralise à tous ses aspects les implications de ce nouveau fonctionnement. Cela implique que le changement de fonctionnement ajoute, pour lui-même, une étape supplémentaire dans l'évolution de la complexité.
Pour cette raison, entre les cycles se glisse une étape spéciale appelée "d'intercycle", dont la seule fonction est d'assurer ce passage au mode de fonctionnement suivant. Entre cette étape et la suivante, les paradoxes combinés ne se modifient pas : on ne passe pas à la ligne suivante, ni même à la case suivante, du tableau des 16 paradoxes, on reste strictement avec la même combinaison. Mais la façon dont les quatre paradoxes se combinent change, et elle passe au stade de fonctionnement suivant.

Strictement parlant, ce qui vient d'être dit est inexact, puisque ce n'est pas directement à l'étape qualifiée d'intercycle que ce passage s'opère, mais à l'étape suivante, lorsque s'ouvre le nouveau cycle : on reprend alors les mêmes paradoxes que dans l'étape d'intercycle, et, pour la première fois, on les fait fonctionner de la nouvelle manière spécifique à ce cycle.
C'est, à nouveau, l'un des aspects "agaçants" que l'on a déjà relevés : rien ne se passe toujours complètement dans une étape bien déterminée, et toujours les choses évoluent "à cheval" sur différentes étapes. Ce n'est que pour des raisons de clarté du tableau que l'étape "surnuméraire" impliquée par le changement de fonctionnement a été définie comme s'ajoutant à la fin de chaque cycle : effectivement, elle est encore dans ce cycle, puisqu'elle fonctionne comme toutes les autres étapes de ce cycle, mais, déjà, elle possède la combinaison de paradoxes qui inaugure le cycle suivant.

Les étapes d'intercycle sont les seules à porter un numéro terminé par 5 : 15, 25 ou 35.
Cas particulier : l'intercycle qui clôt une grande boucle de quatre cycles est comme escamoté, puisque, par exception, il se confond avec l'une des interphases dont nous allons maintenant expliquer le principe. Cet intercycle non ordinaire correspond à l'étape A1-10.


 

Les étapes spéciales d'interphase

Il reste à parler des interphases, qui sont d'autres lignes surnuméraires qui s'ajoutent aux 4 étapes normales de chaque phase.
Les interphases se produisent systématiquement avant la première étape de la dernière phase de chaque cycle. On les repère parce qu'elles sont les seules à porter un numéro terminé par 0 : 10, 20, 30 et 40. Comme le nombre des phases augmente au fur et à mesure des cycles, l'interphase sera juste avant la première et seule phase du cycle du point, juste avant la seconde phase des deux phases du cycle de l'organisation, etc.
C'est à ces interphases que s'opère le changement de colonne du premier des quatre paradoxes associés, et, par voie de conséquence, que se déplacent d'un cran horizontal dans le tableau tous les trois autres paradoxes. À chaque cycle, à l'aube de sa dernière phase, les quatre paradoxes associés changent ainsi simultanément d'un cran leur efficacité.

Bien entendu, il existe une relation significative entre le cycle dans lequel on est et le cran d'efficacité atteint par les paradoxes. C'est le cran du dernier paradoxe qu'il importe, cette fois, de regarder, car c'est lui qui noue et qui résume l'ensemble des paradoxes d'une étape, et c'est au moment de l'interphase, précisément, que ce quatrième paradoxe atteint la colonne qui correspond au niveau du cycle en cours.
Ainsi, dans le cycle du classement, à partir de son interphase B0-20, le dernier des paradoxes se range dans la seconde colonne, celle du classement. À l'étape B0-14 juste précédente, celle, notamment, de la grotte de Lascaux, ce dernier des quatre paradoxes était le premier paradoxe de la ligne du noeud dans le tableau des 16 paradoxes : c'était le paradoxe "un / multiple". En B0-20, le quatrième paradoxe se décale donc d'un cran dans le tableau des 16 paradoxes, il devient le paradoxe "regroupement réussi / raté".
Le quatrième paradoxe sera de la colonne du classement dans toutes les étapes suivantes, y compris lorsque l'on passera dans le cycle suivant, celui de l'organisation, qui héritera donc du précédent un quatrième paradoxe qui sera désormais "en retard d'une colonne" par rapport au niveau de complexité de l'organisation, et ce n'est que pour ses six dernières étapes (celle de l'interphase C0-30, celles des 4 étapes de sa dernière phase, et celle de l'intercycle C0-35) qu'il possédera un dernier paradoxe "au niveau".
La raison pour laquelle cette promotion d'un cran se fait sentir à partir de l'interphase ne pourra se comprendre que lorsque l'on envisagera les paradoxes "de transformation" [aller   à cette explication dans une autre fenêtre], car le rythme de leurs cycles est différent, et l'interphase pour les paradoxes d'état correspond, en fait, à l'intercycle pour les paradoxes de transformation, lesquels changent à cette étape-là, de mode de fonctionnement. Ce qui implique que quelque chose dans la complexité passe bien au cran supérieur, à ce moment précis là.

On remarquera que, à l'occasion d'une étape d'interphase, le décalage horizontal d'un cran de tous les paradoxes remplace le décalage vertical d'une ligne qui se produit dans le cas d'une étape normale. On ne trouve jamais, simultanément, le décalage d'une colonne et le décalage d'une ligne.


Dernière mise à jour de cette page : 16 janvier 2011


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