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tableau historique
 
tableau des 16 paradoxes
avant :  
transformation des chapiteaux et du triforium
suite :  
la rose Nord de N.D. de PARIS

 la flèche de SENLIS
 
 
 
 
 

Pour aller aux autres exemples de gothique rayonnant analysés :
 
     à la transformation des fenêtres, de gothique classique en rayonnant
     à transformation des chapiteaux et du triforium, de gothique classique en rayonnant
     à la rose du croisillon nord de Notre-Dame de PARIS
     à la façade de la cathédrale de WELLS
 
   le tableau qui résume l'évolution de la musique et de l'architecture pendant le moyen-âge
   les généralités sur les effets paradoxaux que l'on trouve dans l'architecture gothique rayonnante
 
 
Pour charger l'image de l'exemple analysé :   la flèche Sud de la cathédrale de SENLIS (France) - vers 1240  (s'ouvre en principe dans une autre fenêtre)

Source de l'image utilisée :
"Cathédrales et trésors gothiques de France", aux Editions ARTHAUD - 1971
 

La flèche Sud de la cathédrale de SENLIS fut construite vers 1240 pour surmonter une tour datant du siècle précédent.
Celui ou celle qui veut s'entraîner à mieux comprendre la différence entre le style gothique de l'époque classique et celui de l'époque rayonnante dont relève la flèche de SENLIS, pourront comparer les effets plastiques que l'on va analyser ici, avec ceux de la flèche Sud en style classique de CHARTRES qui est bien connue et qui date de 1170 environ.
 
 
 


Le  1er paradoxe : intérieur / extérieur

Dans leur partie basse, les petits clochetons de la couronne supérieure sont complètement enfoncés à l'intérieur de la flèche. Ils en émergent progressivement, et au niveau de leur pointe ils sont totalement à son extérieure.
Plus subtile est la façon dont les petits clochers situés aux quatre angles de la tour contribuent par leur présence à construire la forme d'ensemble de la flèche :
 - ils sont complètement inclus dans la forme pyramidale de la flèche dont ils forment la partie basse ;
 - mais par ailleurs ils sont nettement en position accolée à côté de la flèche. Ils sont donc à l'extérieur de la flèche.
Ces deux effets sont de nature analytique.
 

 
expressions analytiques du paradoxe intérieur / extérieur :
croquis de gauche : les clochetons de la couronne du haut sont "dans" la flèche dans leur partie inférieure, et "hors de" la flèche à leur sommet
croquis de droite : les petits clochers des angles sont à l'intérieur de la forme en flèche pyramidale de l'ensemble du clocher, et à l'extérieur du clocher principal
 
 
Le clocher se présente comme une forme massive délimitant clairement l'intérieur du volume de sa flèche, et en même temps comme une forme poreuse qui se laisse traverser par l'air extérieur.
 
 
expression synthétique du paradoxe intérieur / extérieur :
l'intérieur du volume de la flèche se laisse traverser par l'air extérieur
 
 
L'ensemble du clocher se présente comme une grande flèche avec quatre petites flèches accolées dans les angles, et chacun de ces petits clochers des angles a lui aussi la forme d'une flèche principale avec quatre encore plus petites flèches accolées dans les angles.
Cette autosimilarité d'échelle de la forme (c'est-à-dire le fait que l'on retrouve la même forme dans tous les détails de cette forme, quelle que soit l'échelle considérée) sera bien entendu un élément de l'effet paradoxal un / multiple que nous allons envisager juste après. Mais pour le moment, nous devons remarquer que cet effet implique que la forme d'ensemble (donc le contour extérieur de la forme) se retrouve à l'intérieur de cette forme, donc que l'extérieur de la forme est à l'intérieur de la forme.
L'indissociabilité de ces deux effets correspond au caractère synthétique de cette expression paradoxale.
[nota : la notion d'auto-similarité est expliquée avec des exemples dans la partie mathématique du site - ce lien s'ouvre en principe dans une autre fenêtre]
 
 
autre expression synthétique du paradoxe intérieur / extérieur :
la forme extérieure du clocher (une flèche avec quatre petites flèches dans les angles), se retrouve à l'intérieur même du clocher
 
 


Le 2ème paradoxe :  un / multiple

Nous venons d'envisager le caractère autosimilaire de la forme du clocher, contenant des petits clochers dans les angles, qui contiennent des clochers encore plus petits dans les angles.
Cet effet est lié au paradoxe un / multiple, car il implique que lorsque l'on considère l'un des multiples fractionnements de la forme, on retrouve dans cette fraction la forme de son unité d'ensemble.
Il s'agit là encore d'une expression synthétique.
 

 
expression synthétique du paradoxe un / multiple :
la forme de l'unité d'ensemble se retrouve dans les multiples parties qui la divisent
 

Ce clocher est muni "d'une" flèche, et cette flèche contient de "multiples" flèches de toutes tailles : une grande au centre, des moyennes aux quatre angles, et de plus petites en couronne dans sa partie haute.
Cette expression a un caractère analytique.
On trouve une autre expression de ce type si l'on considère la moitié haute de la flèche : au centre monte "une" grosse flèche centrale, et tout autour d'elle éclatent en bouquet de "multiples" petites flèches . . . qui pourtant "ne font qu'un" avec la grosse flèche centrale à l'endroit de leur départ, avant qu'elles ne s'élancent hors de cette flèche.
 

 
deux expressions analytiques du paradoxe un / multiple :
croquis de gauche : la clocher a "une" flèche faite de "multiples" petites flèches
croquis de droite : la pointe de la flèche est d'abord "une" au niveau de son attache basse, puis éclate en "multiples" flèches
 
 
 


Le 3ème paradoxe : regroupement réussi / raté

Bien qu'ils ne soient qu'accolés au clocher principal, les quatre petits clochers des angles sont lus regroupés dans la forme d'ensemble de la flèche.
Mais cette flèche bien pyramidale qui s'érige en regroupant les clochers latéraux est ratée, puisqu'une couronne de petites flèches sort de ce volume et refuse de se laisser prendre au dedans.
Il s'agit d'une expression synthétique, car c'est la lecture même de la forme pyramidale qui fait apparaître son ratage.
 

 
expression synthétique du paradoxe regroupement réussi / raté :
la flèche réussit à regrouper dans le bas de sa forme pyramidale les quatre petits clochers latéraux,
mais elle échoue à regrouper dans sa pointe les flèches de la couronne du haut
 

Cette couronne de petites flèches perturbe le regroupement des autres d'une autre façon, en une expression cette fois analytique :
 - le clocher regroupe des flèches de formes pyramidales qui sont accompagnées dans leurs angles de plus petites pyramides ;
 - mais la couronne du haut propose une autre forme de flèche que l'on ne peut regrouper avec le type pyramidal des autres, puisque son unique façade est munie d'un fronton tandis que les autres flèches sont à quatre faces et n'ont aucun fronton. En outre, cette couronne regroupe des flèches qui ont toutes la même taille, tandis que les autres ont des tailles nettement différentes. Décidément, bien que regroupées dans le clocher avec les autres flèches qui composent le clocher, ces petites flèches de la couronne supérieure  s'obstinent à faire "groupe à part".
 

 
expression analytique du paradoxe regroupement réussi / raté :
toutes les flèches sont regroupées dans un ensemble de formes pyramidales de tailles croissantes (croquis de gauche),
sauf les flèches de la couronne du haut qui disposent d'un fronton vertical et ont toutes la même taille
 
 


Le 4ème paradoxe : fait / défait

Le mouvement du clocher qui se referme en pointe de flèche est "fait", puisqu'on le voit, puisqu'on le ressent précisément comme ayant une forme de flèche.
Pourtant, il se disperse et se disloque en même temps qu'il s'accomplit, puisque la couronne de petites flèche refuse de se rétrécir avec la pointe de la flèche et s'en écarte ainsi progressivement : la forme en pointe de la flèche se défait donc en même temps qu'elle se fait.
Cette simultanéité de la lecture des deux effets implique qu'il s'agisse d'une expression synthétique.
 

 
expression synthétique du paradoxe fait / défait :
la forme en flèche du clocher est faite, et tous les petits clochers y participent (croquis de gauche),
mais en même temps qu'elle monte avec le reste de la flèche, la couronne supérieure s'en écarte, ce qui disloque la forme en flèche
 

Une stricte organisation hiérarchique de flèches de différentes tailles se lit lorsque l'on considère la forme depuis le bas vers le haut : en bas des flèches de taille moyenne avec des flèches minuscules dans les angles, en haut des flèches de petite taille, et une flèche de très grande taille qui relie l'ensemble en le traversant de bas en haut.
Mais si on lit la forme en tournant autour du clocher, cette forte organisation de relations complexes se défait, et on ne trouve cette fois qu'une uniformité régulière : c'est pareil aux quatre angles, c'est pareil sur les quatre faces du clocher, et les petites flèches en couronne dans le haut, qui pourtant proposent un contraste de formes et de tailles bien marqué avec les flèches du dessus et du dessous, dans le sens de lecture horizontal ne savent nous donner que la monotonie de leur stricte répétition sur les faces et sur les angles du clocher.
 

 
expression analytique du paradoxe fait / défait :
la lecture de bas en haut montre qu'une hiérarchie de tailles est faite entre les différentes flèches.
Si on lit horizontalement en tournant autour du clocher, cette complexité se défait : on rencontre toujours la même forme, et toujours de la même taille
 
 


 

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