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la question des dimensions

 
 
 
comment faire le code génétique
d'une tache de confiture ?
 
          Maintenant cette autre question : que devient le code génétique dans cette hypothèse du fonctionnement purement magnétique des chromosomes ?
 
         Au préalable, il est utile de savoir comment ce code se présente sur les chromosomes.
         On a dit qu'il consistait en une succession de bases A-T-G et C, dont l'ordre était précisément le code génétique. Chacun a entendu dire que ce code servait à coder des protéines. C'est-à-dire qu'un ensemble de séquences forme un code que la cellule utilise pour fabriquer une protéine particulière. On s'en aperçoit quand le chromosome comporte un défaut sur la partie qui sert à fabriquer telle ou telle protéine, car cela peut provoquer une absence ou une insuffisance de cette protéine, et implique ce que l'on appelle une maladie héréditaire.
         Ce que l'on dit moins souvent, c'est que la partie d'ADN qui sert à coder une protéine n'est en général pas continue, mais répartie en de nombreux morceaux parfois très éloignés les uns des autres sur le ruban d'ADN. Tout aussi essentiel, il faut savoir que, dans le cas d'un être humain, seulement le 1/4 environ de la longueur de l'ADN sert à coder des protéines. Tout le reste, les 3/4 donc, ne sont qu'une répétition monotone et sans signification des 4 bases A, T, G et C.
         Voilà qui ne fait que rendre encore moins crédible la lecture du code génétique par les molécules : la transcription du code d'une protéine se fait à l'aide d'un intermédiaire que l'on appelle l'ARN, non seulement on voudrait que l'ARN travaille infiniment plus vite qu'un ordinateur, mais encore on voudrait qu'il perde son temps à trier les parties utiles et les parties inutiles du code génétique en lisant à la queue leu-leu toutes les séquences de bases, avant de trouver la fraction qui lui sert à quelque chose, et qu'il se débrouille en outre pour  grappiller  ce dont il a besoin en divers endroits, souvent très éloignés.

         Quelle tête bien faite, et surtout bien pleine, il lui faudrait pour s'y retrouver en suivant les séquences du code génétique.
         Alors, comment donc l'ARN s'y prend-il pour retrouver ce qu'il lui faut pour faire une protéine, sans intelligence, sans mémoire, et sans ordinateur ? Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire ?
         Pour le comprendre, je vous propose tout simplement de fabriquer vous-même un code génétique.
 
         1-  vous prenez un long fil à coudre blanc, et vous l'entortillez comme vous voulez pour faire une boule de ce fil.
         2-  puis vous prenez un pot de confiture, à la fraise de préférence, puis avec une cuillère ou avec le doigt selon votre choix, vous faites une belle tâche de confiture rouge sur la belle boule blanche.
         3-  vous tirez alors les deux bouts du fil pour voir le résultat, et c'est fini !
 

         Vous avez fait le code génétique d'une tâche de confiture !
 
 
         En effet, tout au long du fil, vous voyez défiler apparemment aléatoirement des parties blanches avec des parties rouges. Pour rester scientifiques, vous appelez "exons" les parties rouges et "introns" les parties restées blanches : c'est le vocabulaire que l'on utilise pour l'ADN.
         Comme dans l'ADN humain vous avez environ 25 % d'exon pour 75 % d'introns, et les exons codant votre confiture sont répartis en des endroits très éloignés l'un de l'autre.
 
         Maintenant deux façons possibles pour faire décrypter votre code :
         Ou vous mettez dans un supercalculateur la suite des longueurs blanches et des longueurs rouges que l'on rencontre successivement en suivant le fil, et vous attendez 107 ans et quelques qu'il trouve une signification à la série tout à fait aléatoire que vous lui avez fournie.
         Ou vous mettez une abeille dans la pièce, et sans rien connaître de votre code, elle saura repérer à toute allure quels sont les endroits intéressants pour elle.
 
 
 
 
  
         Quelle est la leçon de cette petite histoire ? 
 
         Que le code génétique tel qu'on le conçoit habituellement, c'est-à-dire tel qu'on le lit en suivant pas à pas l'ADN comme s'il s'agissait d'une suite d'instructions dans un programme informatique, n'a probablement pas de sens.  
         Ce que l'on veut suggérer, c'est que le code de chaque protéine correspond en réalité à une figure dans l'espace,  à quelque chose qui agencé dans l'espace fait comme un effet de tourbillon vers lequel l'ARN est aspiré sans avoir eu le temps de comprendre ce qui lui arrive. Une figure dans l'espace où tous les exons qui servent à faire une même protéine se trouvent rassemblés, exactement comme la tache de confiture l'est lorsque le fil est encore embobiné.  
  
         Il suffirait que cette figure forme en quelque sorte l'équivalent de la protéine en creux, pour que l'ARN aspiré magnétiquement par ce "trou" dans le chromosome vienne s'y loger, et prenne ainsi l'empreinte de la protéine. Non seulement la lecture du code d'une protéine deviendrait un processus simple et immédiat, aussi simple que la séparation par répulsion magnétique de deux chromosomes enlacés, mais on pourrait comprendre simplement comment ce code est venu s'inscrire sur l'ADN : c'est juste une protéine qui s'est perdue et qui s'est retrouvée prisonnière du chromosome.  
         Chaque combinaison de paire de bases produit une courbure spécifique du champ magnétique du chromosome, et cette courbure s'est trouvée modifiée par la présence de la protéine restée prisonnière. Lors de sa prochaine copie, l'hélice d'ADN choisira de nouvelles paires de bases qui reproduiront involontairement la déformation magnétique produite par la protéine : le fantôme de la protéine se reproduira ainsi de copie en copie de l'ADN sous forme de trou, de défaut, de singularité attirant l'ARN qui va reconstruire la protéine en se moulant dans ce trou.   [voir en détail F cette explication] 
 
         Si la cellule se trouve avoir besoin de cette protéine, elle va l'utiliser aussitôt formée, et l'ARN en fabriquera d'autres. Si la cellule se trouve dans un organe qui a besoin de telle protéine plutôt que d'autres, il suffira que le site de cette protéine soit bien accessible pour se faire fabriquer en grand nombre. Et le site des protéines inutiles pour un organe sera au contraire enfoui pour être difficilement accessible par l'ARN. Voilà comment on suppose que, très simplement, les cellules de notre organisme peuvent avoir toutes le même code génétique complet, et faire toutes des choses très différentes avec ce même code, selon qu'il s'agisse d'une cellule de globule rouge, d'une cellule de foie ou d'un neurone. 
         Ce point est étudié dans le chapitre consacré à la reproduction du vivant  [voir  F ce chapitre], où l'on envisage notamment la façon dont l'expérience biologique particulière d'un être vivant peut s'enregistrer dans ses chromosomes sexuels, se transmettre ainsi à sa descendance, rendant possible l'évolution des espèces. 
 
 
 

 


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