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fiche de synthèse : 1ère ligne, 3ème colonne
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L'idée :       (même texte de la première case de cette ligne)
 
Les 4 étapes de l'évolution du phénomène physique qui mène de l'état solide à l'état liquide :
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Le réseau solide des atomes, fermement bloqués les uns contre les autres par leurs liaisons chimiques réciproques
Les atomes s'agitent frénétiquement, mais sans quitter leurposition dans le réseau
L'amorce de la fusion : certains atomes commencent à quitter leur place
L'état liquide : les atomes bougent librement les uns par rapport aux autres, ils ne sont plus tenus entre eux que par des liaisons faibles et trèstransitoires
 
Le phénomène physique caractéristique de la 3ème étape de cette évolution :
Quand la température d'un solide augmente, au delà d'un certain seuil le mouvement de ses atomes devient trop frénétique pour rester équilibré. Certaines molécules quittent alors leur place et s'amalgament momentanément avec une molécule voisine (de tels amalgames s'appellent des ad-molécules).
La conséquence d'un tel amalgame momentané est qu'il laisse un trou dans le réseau à l'endroit de la molécule qui a quitté sa place. Ce trou (dénommé lacune) donne l'occasion à une autre molécule de quitter sa place à son tour en se précipitant vers cette place vacante. Ainsi s'entretient, se communique et se répercute de place en place, le mouvement des molécules dans l'ensemble du cristal.
À ce stade la structure d'ensemble du cristal est encore préservée, on est encore en phase solide, mais déjà une partie de ses molécules coule en lui : on est à l'approche du point de fusion.
formation d'ad-molécules et de lacunes dans un cristal moléculaire, à l'approche de la température de fusion
                               [d'après un document Pour la Science]

Le nom donné au paradoxe qui caractérise cette situation : mouvement d'ensemble / autonomie
Pourquoi ? : Il s'agit d'un mouvement d'ensemble, parce que cela bouge dans l'ensemble du solide, et aussi parce que les trous que libèrent les molécules qui se déplacent entraînent d'autres molécules à se déplacer à leur tour. Il s'agit donc d'un mouvement collectif où les molécules sont collectivement interdépendantes les uns des autres dans leurs possibilités et rythmes de déplacement.
Mais on peut aussi dire que ce n'est pas un mouvement d'ensemble puisque le trajet d'une molécule n'a rien en commun avec le trajet des molécules de son voisinage : chacune suit seulement son chemin propre, allant par-ci par-là selon les hasards des trous qui se libèrent devant elle. Du fait de l'aléatoire de ces déplacements, chaque molécule suit ainsi un parcours complètement autonome du parcours qui est accompli par les autres.
 
 
 

Dans certaines situations, le fonctionnement de la société humaine présente des analogies avec celui de ce phénomène physique. Cela peut se lire dans l'art, car les artistes se sont alors efforcé de mettre à nu les relations paradoxales qu'il implique entre chaque individu et le reste de sa société : bien que la société reste encore rigidement organisée, des opportunités se présentent qui permettent d'envisager une amélioration de son statut personnel ou de celui de sa famille, mais si chacun ressent que ce frémissement parcourt l'ensemble de la société, chacun le ressent aussi comme l'occasion d'une promotion personnelle atteignable par une démarche personnelle, pas celle de l'émancipation collective d'un groupe entier
 
Comment ce paradoxe "mouvement d'ensemble / autonomie" se manifeste dans les arts visuels et dans l'architecture :
Expression analytique (ses 2 aspects incompatibles sont séparés dans notre perception) :
L'oeuvre est organisée pour que notre perception hésite en permanence entre :
- la perception de l'entraînement de toutes ses parties dans un fougueux mouvement d'ensemble,
- et la perception tout aussi claire d'éléments visuels par lesquels ces parties se retranchent de ce mouvement, s'affirment comme tout à fait à l'abri de cet entraînement d'ensemble.
ainsi dans le choeur de l'église Saint-Jean-Népucémène à Munich, tous les personnages, les anges et même les nuages dans le ciel peint sont emportés dans un fougueux mouvement d'ensemble ascendant (croquis de gauche), tandis que des débords, des balustrades et des niches, isolent chaque élément de cet ensemble et le retranchent fortement de cette dynamique (croquis de droite)

Expression synthétique (ses 2 aspects incompatibles sont inséparables dans notre perception) :
Par des conflits dans notre perception, l'oeuvre nous fait ressentir l'équivalent du trouble qui s'installe en nous lorsque l'on cherche à percevoir simultanément l'entraînement dans un mouvement d'ensemble qui submerge notre capacité à y résister, et l'impression d'être parfaitement autonome dans notre déplacement, allant seulement où bon nous semble.

ainsi, dans la façade de l'Église bénédictine de Zwiefalten, la lecture de la frise continue qui fait le tour du fronton ne peut se faire sans lire les courbes et les contre-courbes au mouvement chaque fois autonome qui la dessinent. Or ces formes partielles qui construisent la continuité d'ensemble y marquent des trous, des manques de continuité ou des divergences de direction, qui affirment l'autonomie de chacune et nie ce faisant qu'elles fassent quoi que ce soi ensemble
 
L'exemple caractéristique d'architecture à garder à l'esprit pour se souvenir du paradoxe "mouvement d'ensemble / autonomie" :
Asam - l'intérieur de Saint-Jean-Népucémène à Munich
 

Comment ce paradoxe se manifeste dans la musique, où il signifie "libres agitations coordonnées" :
Effet analytique (qui s'entend par l'évolution au fur et à mesure que le temps passe) :
Plusieurs voix se font valoir simultanément en ayant chacune un rythme bien différent des autres, et périodiquement ces voix pourtant très diverses se mettent à faire la même chose en taisant leur autonomie.

par exemple des voix aux parcours très dissemblables, régulièrement s'arrêtent ensemble pour marquer un silence qui lui est parfaitement collectif
ou bien alternent des moments où les voix font des choses complètement dissemblables et des moments où elles suivent le même parcours
Effet synthétique (qui s'entend à chaque instant) :
par exemple des voix forment ensemble un flot continu, mais elles sont si dissemblables qu'elles nous paraissent autonomes, au point d'être éventuellement impossibles à suivre simultanément
ou bien elles forment ensemble un effet d'éclatement commun, et par l'effet même de cet éclatement on les entend partir dans des directions autonomes les unes des autres
ou bien encore on les entend suivre continuellement les mêmes évolutions de parcours, mais elles sont tellement écartées en hauteur que l'on ressent ces parcours comme séparés, l'un dans le grave et l'autre dans l'aigu
 

Pour davantage de développements sur ce fonctionnement paradoxal qui combine l'autonomie individuelle de parcours et le mouvement collectif d'ensemble :
- dans les phénomènes physiques et dans l'évolution de la société occidentale
- en architecture (le style dit rococo  - début du XVIIIème siècle) :
        Asam : l'intérieur de Saint-Jean-Népucémène à Munich
        Fischer : l'extérieur de l'église bénédictine de Zwiefalten
- en musique :
        dans l'Ars Antiqua (fin du XIIIème siècle)
        dans l'Ars Nova (XIVème siècle)
        dans un Canon de l'époque Renaissance (XVème siècle)
        dans une musique de Monteverdi (XVI-XVIIème siècle)
        dans une musique de Lully (XVIIème siècle)
 
Pour des exemples d'architectures où ce paradoxe se combine avec d'autres :
avec 3 autres paradoxes associés à égalité, relativement mélangés sur les mêmes formes (fonctionnement en classement) :
- dans l'art gothique au 14ème siècle, il est le 4ème paradoxe analysé
l'un des paradoxes enrôle les 3 autres à son service (fonctionnement en organisation) :
- dans l'art gothique flamboyant du 15ème siècle, il est au service du paradoxe "relié / détaché"
- dans l'art gothique flamboyant du 16ème siècle, il est au service du paradoxe du "centre à la périphérie"

dernière mise à jour de cette fiche : 19 août 2007

 

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